Investir en pièces de monnaie : la numismatique, valeur refuge ?

Pour épargner en sécurité, l’achat de pièces de monnaie anciennes est une alternative aux banques. Face aux crises, il vaut mieux investir en pièces d’or plutôt qu'en livret A. Pour nous en parler, nous avons fait appel aux experts de Godot & Fils, spécialistes de longue date de la numismatique et des métaux précieux.
À jour le 29 septembre 2023

La numismatique est une pratique souvent méconnue du grand public quoique répandue chez les personnes versées à l’investissement dans les métaux précieux. Dérivée de la racine latine « numis » soit « pièce de monnaie »elle a trait à la collection de pièces de monnaie anciennes et parfois de médailles.

La numismatique constitue en ce sens l’une des pratiques de la collection les plus anciennes, bien antérieure à la philatélie ou à la cartophilie, on estime que les premières traces de collection – tel que peut l’être un classeur numismatique ou un cabinet numismatique – remonteraient à l’Antiquité romaine. Cette datation ne serait en rien étonnante en ce que les premières pièces de monnaie auraient été frappées entre 610 et 560 avant J.-C, se substituant ainsi au troc qui avait alors cours à l’époque.

Fiscalement parlant, la numismatique renvoie aux pièces ayant eu ou ayant toujours un cours légal dans leur pays d’émission, dont la prime de fond (soit la prime moyenne de la pièce observable en dehors d’une période de crise) excède les 20%. Certains y incluent la rareté qui peut revêtir différents aspects dont un tirage limité, un défaut visible et caractérisées par une particularité ajoutée volontairement (bien que ce dernier point fasse débat parmi les numismates).

Une collection numismatique était (et est toujours) établie selon un dénominateur commun : l’atelier de frappe, la période d’émission, l’effigie de la pièce, l’alliage utilisé pour sa fabrication, la présence ou l’absence de valeur faciale voire le souverain ou empereur en place lors de son émission (s’ils’agit de pièces historiques). Il va de soi qu’une collection tient compte de la valeur numismatique des pièces, si tant est que le collectionneur est attaché à la dimension mercantile. 

Certains numismates y verront un hommage à la création artistique qui animait alors les graveurs voire un hommage à l’Histoire, tandis que certains archéologues ou scientifiques utiliseront les pièces dans le cadre d’un processus de datation.

La numismatique comme investissement

Pourtant, outre cette approche et comme nous l’évoquions ci-avant, certaines sont animées par un intérêt plus pragmatique et s’attachent uniquement à la valeur numismatique des pièces. Rien d’étonnant en cela puisque certaines pièces pourront être cédés à des prix bien supérieurs à celui auxquelles elles ont été acquises, en témoignent les prix visibles sur n’importe quel site numismatique.

D’une part du fait de la subjectivité propre à l’achat/vente de pièces de collection mais aussi et peut-être du fait que la numismatique occupe une place particulière en tant que support d’investissement. De prime abord, un numismate néophyte sera tenté d’acquérir la pièce désirée le plus rapidement possible, faisant ainsi fi de la valeur de la pièce, ce qui aboutit la plupart du temps à payer la pièce plus cher que ce qu’elle ne vaut réellement.

C’est pourquoi il est plus que recommandé de s’équiper d’un argus numismatique, qui permet de se faire une idée objective de la valeur numismatique mais aussi d’identifier les éléments qui peuvent impacter la valeur d’une pièce (usure, inclusions, choc, effacement, etc.).

La valeur numismatique et la valeur refuge

Gare à ne pas confondre les deux car il s’agit de deux notions bien distinctes. La première est aussi désignée comme la valeur de collection et renvoie à la rareté de la pièce, ce en quoi elle diffère de la valeur faciale ou numéraire (valeur conférée à la pièce par convention) et de la valeur intrinsèque qui renvoie elle à la proportion de métal précieux contenu dans une pièce.

A l’inverse de la valeur numismatique, la valeur refuge est déterminée en temps de crise et désigne un investissement propre à sécuriser un patrimoine ou capital et ce malgré les conséquences de la crise (inflation, déflation, effondrement d’une devise, etc.). Or, les métaux précieux sont justement réputés pour leur statut de valeur refuge en ce qu’ils performent en période de crise financière, économique, politique, géopolitique,sociale voire environnementale.

Aureus de Marc Aurèle
Aureus, une pièce d’or romaine, ici à l’effigie de l’empereur Marc Aurèle

Mais qu’en est-il de la numismatique?

Certaines pièces prennent de la valeur avec le temps, c’est indéniable et ce, sans même que l’on parle de pièces particulièrement anciennes. Des pièces autrefois boudées par les numismates ont fini par trouver une place de choix dans le coffret numismatique de nombre de collectionneurs. Pourtant, mis à part celles constituées de cuivre ou de bronze, on note une nette augmentation de la valeur de certaines pièces en or ou en argent.

Dans ce cas, se pourrait-il qu’une corrélation existe entre le métal précieux qui constitue la pièce et la valeur numismatique de celle-ci ? C’est l’évidence même, bien que cela n’enlève rien à la rareté de la pièce qui, si elle est issue d’un tirage limité aura une valeur supérieure à une pièce émise en de plus grandes quantités.

En témoigne l’exemple de certaines pièces royales qui s’échangent à plusieurs dizaines de milliers d’euros tandis qu’elles ne contiennent pas plus de 5 grammes d’or mais n’ont été émises qu’en quantités infimes. Il en va de même pour certaines pièces d’argent qui s’échangent à des sommes atteignant parfois plusieurs milliers d’euros du fait de leur rareté. Citons le cas de la pièce numismatique la plus chère du monde qui se trouve être en argent, il s’agit de la Flowing Hair Dollar vendue dix millions de dollars en janvier 2013. Ce prix s’explique par son statut de premier dollar émis par l’United States Mint en 1795, de même que par son esthétique un peu naïve.

Quelle fiscalité pour la numismatique ?

Au même titre que les bijoux vendus à la fonte pour moins de 5000 €, les pièces de collection (antérieures à 1800), qu’elles soient en or, argent ou cuivre, ne sont pas soumises à l’Impôt sur la Fortune (IFI).

Cela rend l’investissement dans les pièces numismatiques plus attractif. En effet, avec l’exonération totale de l’IFI, les investisseurs optent plus aisément pour ce type de produits.

Les pièces frappées après 1800 sont assujetties à la taxe sur les métaux précieux ou à la taxe sur la plus-value.

Taxe sur les métaux précieux

La première s’élève à 11% du prix de vente ou de la valeur en douane auxquels viennent s’ajouter 0,5% de contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS),excepté dans le cas où le vendeur ne serait pas résident fiscal français. Ce régime fiscal s’applique si le vendeur n’est pas en mesure de fournir un justificatif d’achat faisant foi de la date et du prix d’achat de la pièce.

Taxe sur la plus-value

A l’inverse, la taxe sur la plus-value s’élève à 36,2% de la plus-value éventuellement réalisée sur la vente. Elle est composée du paiement de l’impôt à 19%, de la contribution sociale généralisée (CSG) à 9,9%, de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) à 0,5%. A cela s’ajoutent le prélèvement social à hauteur de 5,4%, la contribution « Solidarité »à 0,3% et la contribution Revenu de Solidarité Active (RSA) à 1,1%.

Pour pouvoir y prétendre, le vendeur doit pouvoir justifier du prix et de la date d’achat en présentant un justificatif d’achat au moment de la vente. Elle donne lieu à une exonération totale au bout de 22 ans de détention ainsi qu’à un abattement de 5% par an à compter de la troisième année de détention. Enfin, elle ne s’applique pas en cas de moins-value ou d’absence de plus-value.

Les pièces anciennes, un bon placement

L’engouement pour la numismatique a toujours été important en Europe. En plus de leur valeur intrinsèque à cause de leur poids en métal, comparable aux lingots d’or, les pièces de monnaie anciennes ont également une valeur numismatique, très prisée des collectionneurs.

Sur eKonomia, nous trouvons qu’il s’agit d’une bonne idée d’avoir son petit « trésor », une valeur refuge face aux périodes de crise que l’Europe traverse actuellement. Il est toujours de bon ton de diversifier son patrimoine. Les traumatismes de la crise de 2008 sont encore visibles aujourd’hui, nul ne sait de quoi sera fait le lendemain.

Le grand avantage de cet investissement est son accessibilité : il y a des pièces pour toutes les bourses. Un petit Obole d’argent de Marseille coûte par exemple 120 euros, tandis qu’un aureus (en or) de Faustina lui vaut 8000 euros. Il est également possible d’acheter tout un coffret, contenant plusieurs pièces. Nous conseillons néanmoins aux futurs investisseurs en numismatique de se spécialiser dans une période, un type de pièces de collection. Il sera ainsi plus simple, en bon connaisseur, de bien évaluer la réelle valeur de ce que l’on achète ou vend.

L’expertise Godot & Fils

La maison familiale Godot & Fils a ouvert son premier comptoir en 1933 et était alors exclusivement spécialisée dans le commerce de pièces anciennes. L’entreprise décline son expertise acquise sur près de 90 ans dans tous ses points de vente ou sur son site internet achat-or-et-argent.fr. Aussi, vous pouvez retrouver notre catalogue de références variées et minutieusement sélectionnées par nos deux numismates diplômés en ligne et dans nos comptoirs.

N’hésitez pas à nous contacter au préalable par mail ou par téléphone pour vous assurer de la disponibilité d’une pièce ou prendre rendez-vous pour une expertise numismatique gratuite dans l’un de nos comptoirs.

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Article rédigé par

José a travaillé au marketing de grandes sociétés financières. Ceci lui a donné ses premiers contacts avec les difficultés que pouvaient rencontrer les demandeurs de crédit.