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En ce début de XXIe siècle, une vague de quête de la « véritable » nature de la laïcité en contexte institutionnel déferle à travers le monde. La France n’y fait pas exception. Les manifestations d’une appartenance religieuse dans l’espace public sont toutes scrupuleusement passées au peigne fin.
Cela donne lieu à une gamme étendue de choix philosophiques et politiques, allant de percutants décrochages de crucifix, aux débats houleux sur les vêtements que l’on devrait porter, jusqu’à reconsidérer la pertinence de verser ou non une « prime de Noël musulmane ».
L’idée derrière cette prime relève avant d’une volonté de soutenir des démunis, et la religion n’a rien à voir là-dedans. Explications.
Oui, la CAF verse une prime de Noël aux musulmans
La religion n’est pas prise en compte dans les calculs des critères sociaux. La discussion pourrait s’arrêter ici même. Mais évidemment, dans le contexte actuel de méfiance envers l’autre, les « bons français » aimeraient bien que les musulmans, mis dans le même sac que certains terroristes, ne touchent pas la prime de Noël.
Ces bons français ne doivent pas souvent aller à la messe le dimanche.
La prime est donc versée par les aides de la CAF, son pendant agricole la MSA également, tout comme Pôle Emploi.
Le versement des aides sociales n’a rien à voir avec les origines ou la religion
Que l’on soit chrétien catholique, athée, juif ou musulman, cela n’a donc aucune importance pour recevoir la prime de Noël. En revanche, il faut ne faut pas être riche.
Malgré les rumeurs qui circulent, bribes de conversations, ou encore pétitions d’assez mauvais goût concernant la « suppression de la prime de Noël musulmane » émanant du web, il n’y a pas de souci à se faire concernant le versement de la prime de Noël aux musulmans. L’État français cherche avant tout à demeurer le plus neutre et juste possible, en accordant une prime de fin d’année aux individus dans le besoin.
Les aides sociales ne sont pas attribuées aux gens en fonction de leur origine ou de leur religion. Cette mesure est cohérente. Elle ne porte aucunement atteinte à la liberté de conscience des croyants ou des non-croyants. Elle n’enfreint les droits de quiconque. Le principe de laïcité implique que les citoyens peuvent jouir d’une liberté de religion, alors que l’institution publique demeure résolument neutre.
C’est sans doute uniquement le nom de cette aide qui laisse un tantinet à désirer, et non pas l’aide en question : il s’agit d’une manière purement comptable d’accorder un petit coup de pouce. Un soupir de soulagement !
La laïcité institutionnelle demeure l’un des principes fondamentaux de la République française. Seul le revenu est considéré, parmi les critères d’admission fixés par la CAF. Les individus qui sont éligibles à la prime de Noël répondent aux conditions de revenus spécifiques de cette aide sociale.
Par exemple, il peut s’agir de personnes vivant seules ou de familles monoparentales avec un ou plusieurs enfants à leur charge.
Tous égaux devant le besoin
La neutralité de l’État ne saurait être compromise pour reconnaître des privilèges à certains et en restreindre à d’autres, sous motif de cultes minoritaires. Le principe d’égalité, en particulier lorsqu’il s’agit des individus les plus démunis d’une société, ne peut être ébranlé par le souci de défavoriser des groupes culturels ou des communautés religieuses minoritaires.
Si plusieurs décrient avec beaucoup de confiance et certitude la pertinence de la « prime de Noël en Islam », qu’ils aient au moins le mérite de réveiller leur empathie, plutôt que de blâmer au haram (pêché). Cette somme d’argent n’est pas illicite en soi : il n’y a pas lieu de songer à l’haramiser. C’est le gouvernement français laïc qui verse cette prime de fin d’année, et non pas l’Église catholique qui signe les chèques…
D’ailleurs, si c’était véritablement illicite, il est fort à parier que les imams en discuteraient à la mosquée. Aucun hadith ne vient interdire au pauvre musulman de percevoir une aide sociale ! On peut ainsi considérer que la prime de Noël est halal, tout simplement.
La somme d’argent en question – plutôt très modeste – sert de léger baume lors de la période de réjouissances de fin d’année. Ce petit plus financier soulage quelque peu le fardeau financier de celles et ceux qui jonglent péniblement avec des fins de mois très difficiles à l’année longue. Cela leur permet de mettre un peu de beurre sur les épinards, de payer une facture en souffrance, et de joindre un peu mieux les deux bouts, mais aucunement de faire des folies.
Les bénéficiaires de cette prime de Noël « musulmane » n’ont probablement pas les moyens de s’offrir maints cadeaux, guirlandes, bûches de Noël et sapins illuminés. Chacun est libre de faire ce qu’il veut de cet argent. Cela permet de mettre un peu de magie et d’égayer la fin de l’année, pour les individus traversant une période financière plus difficile.
Quelles sont les démarches à effectuer pour bénéficier de cette prime ?
Il n’est pas nécessaire d’entreprendre de démarches particulières pour toucher la prime de Noël. Celle-ci est versée automatiquement par plusieurs instances (CAF, MSA, et Pôle Emploi).
Cette aide est accordée depuis près de 20 ans aux plus démunis. Qu’il s’agisse de familles monoparentales, agriculteurs ou chômeurs, tous les inscrits s’avèrent égaux en devoirs et en droits.
L’aide est versée vers la mi-décembre, peu de temps avant le début des fêtes de fin d’année. Le montant varie en fonction du nombre de membres de la famille, oscillant habituellement entre 152 euros (personne seule) à 457 euros (pour un couple avec cinq enfants). Certains départements se font plus généreux que d’autres et versent une prime supplémentaire aux bénéficiaires.
Accepter cette somme d’argent, cette « prime de Noël en Islam », cela ne voudra certainement pas dire pour les bénéficiaires de confessions musulmane qu’ils « fêtent Noël »…
A savoir, dans le secteur privé
La prime de Noël versée par les patrons est selon leur bon vouloir. Si le patron est raciste, alors oui, il peut très bien dire qu’il ne verse pas de prime de Noël à ses employés musulmans. C’est de la discrimination pure et simple, formellement interdite par la Loi. Le problème : c’est pratiquement impossible de prouver qu’on n’a pas eu la prime parce qu’on était musulman. Le patron lui, n’aura qu’à dire que l’employé n’a pas atteint les objectifs.