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Avec le Crédit Coopératif, et une telle communication, on est en droit de s’attendre à une vraie démarche solidaire, alternative et généreuse envers les plus démunis, qui pour beaucoup sont FICP, fichés à la Banque de France, ne pouvant plus du tout obtenir de crédit. Ce n’est pas le cas.
Qui est le Crédit Coopératif ?
Comme son nom l’indique, le Crédit Coopératif est une banque coopérative, c’est-à-dire que ses propriétaires sont des sociétaires, et que la banque doit servir au mieux leurs intérêts. Chaque sociétaire, chaque personne a ainsi une voix, ce n’est pas le nombre de parts qui vont déterminer de son influence dans l’entreprise. Il n’y a pas d’actionnaire à rémunérer chaque année. Dans le cas du Crédit Coopératif, les sociétaires sont des associations, des petites entreprises, des collectivités…
C’est une banque ancienne, fondée en 1893, sous le nom de « Banque des associations ouvrières ». A l’origine, cette banque finançait les coopératives ouvrières, autour d’un projet, là où les autres banques ne les accompagnaient pas. Le Crédit Coopératif s’est ainsi spécialisé dans le financement des associations ou des mutuelles, qui relevaient de la même philosophie…
Ce n’est qu’en 1984 que le Crédit Coopératif devient une banque au sens strict du terme, avec des activités bancaires semblables en tous points aux autres banques de détail classiques. Quatre ans plus tard, avec l’association la NEF, la société financière de la NEF est créée, bien connue dans le milieu de la finance solidaire, venant en aide aux sociétés éthiques et écologiques.
C’est en 2002 qu’un tournant majeur a lieu dans l’histoire du Crédit Coopératif : désormais, la banque de l’économie sociale fait partie du groupe Banque Populaire, une banque coopérative également. De plus, même si 80% des parts sociales appartiennent aux sociétaires, les 20% restants sont la propriété de Natixis, la banque de financement de BPCE (groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne).
Sur le papier, cette banque, fondée sur des principes éthiques, semble coexister avec un groupe bancaire tout ce qu’il y a de plus classique, BPCE, qui ne partage pas forcément de la même vision « solidaire ». Source : Le Crédit coopératif n’est pas une banque « boite noire »
Le Crédit Coopératif, l’investissement socialement responsable
Le Crédit Coopératif peut se targuer d’être l’un des plus anciens acteurs de l’économie solidaire, avec des fonds « solidaires » créés dans les années 1980, venant en aide aux associations de lutte contre la faim et la pauvreté. La tradition ne s’est pas arrêtée, et aujourd’hui, le Crédit Coopératif vient en aide, grâce à ses membres et ses clients, à de nombreuses associations de bienfaisance.
Avec sa société d’investissement Ecofi Investissements, la banque possède plusieurs fonds ISR (Investissement Socialement Responsable) avec les labels Novethic ou Finansol, qui permettent à un particulier d’investir avec une démarche éthique et solidaire. Pour prendre un exemple de fonds éthique géré par le Crédit Coopératif, nous avons « Agir avec la fondation Abbé Pierre », où la moitié des intérêts générés aident au financement de la fondation Abbé Pierre.
Le Crédit Coopératif semble avoir une vraie démarche éthique, qui n’est pas pour déplaire, surtout à notre époque. En servant de « banque » à la société financière de la NEF, le Crédit Coopératif s’inscrit clairement dans une démarche de banque alternative et totalement transparente. Si Cantona aurait du corriger son appel, il aurait pu demander aux français de déposer leur argent dans cette banque. Sauf que ce n’est pas si simple, et lorsque l’on parle d’argent, l’élan solidaire est tout de suite moins vif, surtout si on n’est pas gagnants avec le changement.
A qui vient en aide le Crédit Coopératif ?
Quand on décide de donner de l’argent à une œuvre caritative, on choisit suivant ses goûts, ses impressions. On va donner de l’argent à la lutte contre le cancer parce qu’un oncle en est mort récemment, ou au secours catholique, ou aux restos du cœur…
Avec le Crédit Coopératif, nous aidons en permanence des associations partenaires de la banque. Nous parlons ici par exemple de la fondation Abbé Pierre, ou de la fondation Nicolas Hulot, de l’UNICEF. C’est bien sûr très bien, mais imaginons que vous vouliez aider plus précisément une association en particulier ?
Le Crédit Coopératif vous propose certains produits financiers, avec lesquels vous pourrez diriger votre générosité plus concrètement vers des associations partenaires de la banque. Elles sont nombreuses, et il y en a pratiquement pour tout le monde. L’action du Crédit Coopératif, en leur servant d’organisme bancaire, est vitale pour ses associations. Mais non, rien de particulier pour une association qui ne serait pas partenaire du Crédit Coopératif.
Le Crédit Coopératif, hormis ses principes éthiques et son soutient appuyé aux associations humanitaires, agi comme une banque tout ce qu’il y a de plus classique dans son fonctionnement au quotidien. Et c’est peut-être ici que réside le premier point pouvant porter à confusion. Non, le Crédit Coopératif n’est pas une banque pour pauvre, ou pour interdits bancaires.
Crédit Coopératif pour interdit bancaire ?
Si nous sommes en difficultés financières, une idée qui peut venir à notre esprit, c’est d’aller voir des banques « solidaires », qui pourraient nous aider, là où notre banque refuse. Le Crédit Coopératif, comme banque qui communique sur son engagement solidaire et responsable est en première ligne des banques pouvant prétendre à ce rôle. Malheureusement, le Crédit Coopératif n’est pas une institution de charité au sens propre du terme. C’est une banque, qui doit rendre des comptes à ses sociétaires, et qui ne peut pas se permettre de prendre des risques financiers à outrance. La gestion efficace de l’argent qu’on lui confie est une de ses principales missions, comme toute banque.
Pas de crédit pour les interdits bancaires !
Si vous êtes en plein redressement, avec un dossier de surendettement, le Crédit Coopératif va très probablement vous refuser l’ouverture d’un compte. Votre situation personnelle est un cas risqué, qui ne sera peut-être pas profitable à la banque, et qui donc pourrait perturber le financement des associations, des sociétaires. Le Crédit Coopératif peut par contre diriger la personne en difficulté vers des associations qui seront plus adaptées à apporter leur soutien que la banque en elle-même. Inutile de s’y déplacer si on est FICP ou à la recherche d’un microcrédit donc. Mieux vaut regarder du coté de l’article « comment avoir un crédit interdit bancaire » de notre site.
Produits bancaires solidaires et éthiques du Crédit Coopératif
Si vous êtes quelqu’un qui a une conscience éthique, et surtout très désireux de retirer votre argent d’une banque avec peu de scrupules pour faire du profit, le Crédit Coopératif est peut-être un bon choix. Il existe aujourd’hui peu d’alternatives, mis à part peut-être la Banque Postale, un poids lourd du secteur bancaire, qui, contrairement au Crédit Coopératif, dispose du réseau d’agences le plus dense de France.
Le Crédit Coopératif propose plusieurs produits, adaptés aux besoins de ses clients. Le plus grand absent est à mon sens le rachat de crédit, qui n’a donc pas d’offre dédiée. Impossible d’aider quelqu’un qui risque de se retrouver en surendettement ! Les différentes situations sont étudiées au cas par cas, avec des méthodes qui peuvent varier d’agence en agence, semble-t-il. On ne trouvera donc pas de rachat de crédit solidaire, et encore moins un rachat de crédit pour interdit bancaire au Crédit Coopératif. Je vous l’avais dit que le Crédit Coopératif n’était pas destiné à aider ceux qui ont des problèmes d’argent ! En tout cas, pas ses clients.
La banque solidaire agit finalement comme une banque commerciale classique, avec les mêmes produits dans leur ensemble. On peut bien sûr y ouvrir un compte de dépôts, avec un carnet de chèques et une carte bancaire Visa, y compris la Visa Premier. Disponibles également, des comptes sur Livret, de l’épargne logement (PEL ou CEL), des placements, de l’assurance-vie. La gamme est complète, et très appuyée par, il faut le dire, BPCE.
L’originalité du Crédit Coopératif réside dans le partage des revenus. Par exemple, le Crédit Coopératif reverse une petite somme d’argent à une association de votre choix (parmi celles proposées par la banque) à chaque mouvement de votre carte bancaire. Ou alors elle propose des Livrets, où les intérêts sont reversés à des associations également. Ce sont des gestes symboliques, mais c’est un début, n’est ce pas ? Là où il commence à y avoir un problème en fait avec le Crédit Coopératif, c’est une fois sorti de la logique solidaire de la part du client, lorsqu’il faut utiliser réellement les services bancaires, pour financer un projet ou pour nous aider en cas de coup dur…
Les services bancaires du Crédit Coopératif
Le Crédit Coopératif, on l’a vu, propose des comptes bancaires, d’épargne, tout ce qu’il y a de plus classique. Mais, au vu des nombreuses critiques trouvées sur différents sites de discussion ou même dans nos commentaires, il semble que le Crédit Coopératif montre ses limites professionnelles au moment où on utilise effectivement leurs services pour réaliser un projet.
De nombreuses PME se plaignent en effet d’un manque de réactivité et de facilités, pourtant nécessaires au bon déroulement de l’activité économique d’une entreprise. La principale critique que l’on pourrait leurs faire est évidente : le Crédit Coopératif est une petite banque, et par conséquent a un réseau d’agences limité. Difficile d’avoir une agence près de chez soi, et pour cette raison, le pendant Internet du Crédit Coopératif, le Crédit Coopératif Direct, semble lui très réactif et compétitif. Chaque agence a son mode de fonctionnement. Les banques, c’est avant tout une histoire de personnes. Certaines personnes seront très contentes de leur banque, grâce à un conseiller personnel qui suit les dossiers depuis des années, d’autres en seront très insatisfaites, à cause d’un refus (peut-être légitime), ou d’une mauvaise relation personnelle.
Par contre, ce qui ne dépend pas vraiment des personnes en agence, c’est l’organisation antédiluvienne, avec des horaires non adaptés aux personnes ayant des horaires de bureau traditionnels. Lorsque l’on a une vie active, c’est difficile de prendre une demi-journée pour venir voir son banquier, alors qu’on aurait plutôt dû être en train de travailler, de s’occuper de son entreprise. Reproches retrouvés en vrac : dédain, manque de ponctualité, de suivi. Un client mécontent se plaint par exemple du manque de rapidité pour obtenir une réponse à sa demande de crédit, ou pour faire valoir ses droits à prêt avec son CEL…
S’ils sont déjà débordés aujourd’hui, ce qui pourrait expliquer leur manque de réactivité, imaginez avec beaucoup plus de clients ! Le public est de toute façon de plus en plus intéressé par cette autre façon de voir la finance et la banque, et en voulant jouer un rôle social simplement en choisissant mieux sa banque, le Crédit Coopératif en bénéficie.
Cette banque, sur certains aspects, donne l’impression d’une association, avec sa dose d’amateurisme et de bonne volonté, mais aussi d’employés « petits fonctionnaires », qui font le minimum. On est loin des grandes banques commerciales très agressives mais aussi réactives, où l’employé a des objectifs à tenir. C’est une banque qui au final semble convenir parfaitement aux associations, avec qui le Crédit Coopératif a une longue histoire de collaboration.
En contrepartie, le Crédit Coopératif, contrairement à ce que l’on pourrait croire, est une des banques les moins chères du marché, sur un grand nombre d’opérations bancaires habituelles. C’est naturel lorsque l’on est une banque qui n’est pas tournée vers le profit à tout prix.
Pourquoi aller chez le Crédit Coopératif ?
Pour ma part, c’est vite vu : on va au Crédit Coopératif, parce qu’on ne veut plus permettre aux grandes banques de faire n’importe quoi avec notre argent. Pour les punir d’avoir mal géré la crise, ou pire, de l’avoir provoquée ! On y va également avec l’idée que notre argent peut contribuer à changer le monde, chacun à son échelle, en investissant dans des fonds éthiques et socialement responsables. En revanche, je suis beaucoup moins convaincu par l’argument solidaire, où une partie de nos intérêts sont reversés à des associations. Il y a, à mon sens, d’autres moyens d’exercer sa générosité, comme par exemple donner directement aux associations humanitaires de notre choix, que ce soit le téléthon ou la croix rouge.
De plus en plus, nous sommes conscients de l’impact de nos actions individuelles sur le monde. Ce qui avant relevait de l’utopie semble, avec la force d’internet, relever du possible. Différentes initiatives visent à changer la face du monde, avec plus ou moins de succès.
En 2010, contre le soit disant préjudice que nous feraient les grandes banques, un ancien joueur de foot, Eric Cantona, a suggéré à tout le monde de retirer son argent de la banque. En allant déposer notre argent dans des banques de l’économie solidaire, comme par exemple le Crédit Coopératif, on empêcherait les requins de la finance de s’enrichir, et on viendrait en aide aux plus pauvres, pourquoi pas ceux qui sont en interdit bancaire, ou qui ne trouvent plus de crédit pour financer leurs besoins.
On ne va pas au Crédit Coopératif dans l’espoir d’obtenir un crédit alors qu’on est au RSA, ou en surendettement. Le Crédit Coopératif sera par contre totalement disponible pour financer des projets écologiques, et viables, avec un bon plan de financement.