Calcul du coût d’un crédit : tout savoir sur les taux d’intérêt

Le vrai prix d’un crédit n’est pas forcément celui que l’on croit, et il peut être avantageux de faire un crédit ! Un crédit peut vous faire gagner de l’argent, ou, à défaut, en qualité de vie.
À jour le 29 septembre 2023

Les taux d’intérêt sont la première donnée à étudier quand on veut faire un crédit. Ce sont eux qui matérialisent le prix d’un crédit, à mettre en face de l’inflation. Pour pouvoir comparer les différentes offres de crédit, le TAEG, taux annualisé effectif global, a été mis en place.

Pour comprendre le prix d’un crédit, il faut comprendre les différents termes que l’on peut rencontrer sur une offre de prêt, à commencer par le TAEG.

Qu’est-ce que le TAEG ?

Le TAEG, le Taux Annualisé Effectif Global, c’est donc le coût réel du crédit, où sont incorporés toutes les dépenses liées au crédit, en plus des intérêts. Il s’agit de l’évolution européenne du TEG (taux effectif global) français, permettant de comparer une offre de crédit française dans les mêmes conditions qu’une offre de crédit dans un autre pays européen. Dans les faits, le TAEG est ainsi quasiment identique au TEG.

Ainsi, c’est le TAEG qu’il faut regarder pour pouvoir comparer les différentes offres de crédit. Les dépenses qui y sont incluses vont des frais de dossier à l’assurance obligatoire suivant le type de crédit. Tous les organismes sont obligés par la Loi d’indiquer le TAEG, souvent écrit en tout petit dans les mentions légales des publicités pour le crédit.

C’est la principale protection du demandeur de crédit, qui lui permet d’avoir un chiffre simple et sûr. Auparavant, les banques et autres sociétés de crédit pouvaient masquer le coût réel en augmentant le prix des assurances ou des frais de dossier, ce qui donnait l’impression d’obtenir un bon taux. Difficile alors de savoir combien coûte vraiment le crédit, si on n’est pas très fort en maths !

Calcul du coût du crédit et inflation

Il faut bien comprendre une chose, c’est le concept d’inflation. Tout le monde sait que le prix des choses augmente avec le temps. C’est cette augmentation des prix qui se nomme inflation. Voyons voir en quoi l’inflation a un rapport sur le prix du crédit.

Admettons que j’achète à crédit un canapé qui coûte 1000 euros. Je veux bien économiser pour l’acheter comptant, mais est-ce que je vais m’assoir par terre pendant un an en attendant d’avoir l’argent ? Et qui me dit qu’il ne coutera encore que 1000 euros dans un an ? Avec l’inflation, il peut couter plus cher !

Comme on n’a pas de boule de cristal, on va tabler sur une inflation de 3%, pour faire simple. Donc dans un an, ce canapé que je pourrais enfin acheter coutera 1030 euros. 30 euros de plus qu’aujourd’hui.

Il existe un autre facteur à prendre en compte : si on économise pour acheter son canapé, cela veut peut-être dire qu’on va mettre cet argent sur un compte épargne, en attendant d’avoir la somme.

Et bien sûr, ce compte épargne génère lui aussi des intérêts, en notre faveur cette fois. On peut dire que les 1000 euros obtenus au bout d’un an auraient quand même pu générer 10 euros d’intérêt. En achetant tout de suite, on ne touche pas ces 10 euros d’intérêt, c’est donc de l’argent en moins.

Conclusion

En achetant dans un an, on ne paye pas de crédit, et on touche des intérêts sur la somme épargnée : aux 1030 euros que coûtera le canapé dans un an, il faut donc ajouter 10 euros de manque à gagner, le canapé n’aurait donc au final que coûté 1030 – 10 euros : 1020 euros.

Mais si on avait pris un crédit avec un TAEG de 6% ? Au final, on rembourse 1060 euros au bout d’un an. Le crédit aura couté 60 euros. Mais si on regarde son prix actuel de 1030 euros, le vrai calcul du prix du crédit est de 60 euros (rémunération de la banque) – 30 euros (inflation) + 10 euros (intérêts de l’épargne) : 40 euros.

Et oui, le canapé n’aura coûté que 40 euros de plus, mais sans que l’on puisse s’en servir pendant un an ! Le fait de ne pas pouvoir utiliser le canapé pendant un an a aussi un coût : de la qualité de vie, du confort, des choses incalculables. Tout ça pour 40 euros. Alors bien sûr il faut faire un peu de futurologie : quel sera le prix du bien que l’on veut acheter aujourd’hui dans le futur ? Mais si les taux sont bas, et qu’on est sûrs de rembourser la mensualité sans problème, faut-il vraiment attendre, ou vivre dans l’inconfort ?

Calcul du coût du crédit immobilier

Avant d’acheter un appartement ou une maison, on se pose, évidemment, toujours la question du financement, du crédit immobilier. Il faut réfléchir non pas au prix de ce que l’on veut acheter, mais plutôt à combien pouvons-nous rembourser à la banque par mois. La règle est simple : un tiers de nos revenus peuvent-être consacrés à l’ensemble des crédits en cours, c’est le taux d’endettement. C’est de cette valeur que découle tout le reste. Si on veut acheter plus grand, on devra rembourser plus de temps, mais toujours la même quantité d’argent chaque mois.

Le coût du crédit est bien sûr le total des intérêts versés à l’organisme prêteur, la banque, en plus des frais de dossier et de l’assurance, en plus des intérêts de l’éventuel prêt relais. Plus la durée de remboursement est longue, plus le crédit immobilier aura coûté cher. Mais encore une fois, il faut prendre en compte les autres coûts, comme celui de ne pas habiter dans un appartement suffisamment grand. Ce n’est pas un coût monétaire, mais c’est un coût psychologique et social, qu’il ne faut bien sûr pas négliger.

Calcul de la durée du crédit

La durée du crédit se calcule par rapport à ce que l’on peut rembourser chaque mois. Si on veut rembourser un minimum d’intérêts, il vaut mieux rembourser le plus possible et le plus rapidement possible. Si on veut rembourser le moins possible chaque mois, il vaut mieux allonger le plus possible la durée du crédit, mais les intérêts remboursés cumulés seront alors assez élevés. Il suffit de faire une simulation sur n’importe quel site d’un organisme du crédit pour s’en rendre compte : plus la durée est longue, plus on rembourse des intérêts.

Il faut pouvoir être sûr, tant que possible, de pouvoir le rembourser, quoiqu’il arrive. Un crédit très long à rembourser augmente les risques, on ne sait pas ce qui pourrait nous arriver au cours de notre vie : ceci se voit dans le taux d’intérêt, toujours plus élevé sur un crédit très long que sur un crédit très court. Un crédit plus court est ainsi moins risqué, même si on la mensualité par mois est plus chère : on pourra toujours allonger à posteriori la durée de remboursement, ce qui n’est pas le cas d’un crédit pour lequel on avait déjà étalé au maximum la durée de remboursement…

Faut-il ou pas acheter à crédit ?

Il y a donc des choses qu’il vaut mieux acheter à crédit si on en a besoin, et d’autres non. Tout ce qui dévalorise rapidement à cause de l’évolution technologique et qui peut attendre, il vaut mieux l’acheter comptant, avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Par exemple un ordinateur, un mobile ou même une voiture. Ce que vous achèterez dans un an sera sans doute meilleur et moins cher, alors pourquoi acheter le dernier mobile à la mode à crédit ? Si vous avez déjà une voiture, même vieille, ou un téléphone portable, attendez d’avoir l’argent pour la payer comptant !

Par contre, les choses que vous achetez et qui ne dévalorisent pas beaucoup au fil du temps, comme le mobilier ou l’immobilier, il n’y a pas vraiment à hésiter, le crédit est une bonne option. Vous n’aurez pas forcément un meilleur canapé dans un an, ni une meilleure maison, par contre ça peut très probablement augmenter de prix d’ici là…

Pour savoir s’il est intéressant de prendre un crédit ou pas sur un bien qui n’est pas strictement nécessaire, il faut faire les choses suivantes :

Dico des taux

Il est important de bien comprendre les différences entre les différents types de taux, et d’en appréhender les rouages avant de faire un crédit. Le petit lexique suivant est là pour aider.

Taux d’intérêt

Les intérêts sont la rémunération des prêteurs : c’est le seul moyen d’avoir des personnes ou des sociétés qui vont mettre à disposition leur argent pour des investissements. Les taux d’intérêts sont très réglementés, avec le taux d’usure par exemple, qui est un taux au-delà duquel il est interdit de prêter de l’argent.

Les intérêts varient suivant le risque encouru : plus un prêt est risqué pour le prêteur, plus il voudra être récompensé pour sa prise de risque. Il existe plusieurs facteurs de risque : la durée du prêt, ou le profil de l’emprunteur. C’est triste à dire, mais quelqu’un qui a des difficultés économiques aura quasiment tout le temps des taux d’intérêts plus élevés qu’une personne aisée.

Les taux d’intérêts sont la colonne vertébrale de l’économie. Ce sont eux qui rémunèrent les prêteurs, qui justifient qu’une personne ou une institution bancaire prête de l’argent. Pour ceux qui ont de l’épargne, les taux d’intérêts sont leur rémunération, pour ceux qui empruntent, c’est le coût de leur crédit.

Taux directeur

Le taux directeur est établi, pour les membres de la zone Euro dont la France, par la Banque Centrale Européenne. C’est le taux d’intérêt auquel la Banque Centrale prête de l’argent aux banques, et est donc le principal indicateur pour déterminer les taux d’intérêts des banques. C’est un instrument essentiel qui permet à la BCE d’intervenir sur le marché des crédits et de l’épargne, et lui permet de contrôler l’inflation. Plus le taux est bas, moins les gens sont disposés à épargner, vu la faible rémunération, et plus il est judicieux de faire un crédit, pour l’achat d’un appartement par exemple, vu le faible coût.

Taux nominal

Il s’agit du taux d’intérêt n’incluant pas les dépenses du crédit : pas de frais de dossier ou d’assurance. Il ne sert pas à grand-chose pour le particulier cherchant à comparer les différentes propositions de crédit entre elles.

Prêt à taux zéro, PTZ

Un taux à 0%, c’est lorsque le prêteur ne charge aucun intérêt : c’est le crédit gratuit. Le prêteur n’est donc pas rémunéré pour avoir prêté de l’argent. En pratique, avec l’inflation, c’est un crédit à perte pour le prêteur. Les taux zéro sont en général attribués par l’état, lorsqu’il veut favoriser l’achat, à crédit, de ce qui est un lourd investissement.

Ne pas se faire avoir par les taux d’intérêts

Pour évaluer le coût d’un crédit, il faut prendre plusieurs facteurs en compte, qui vont au-delà du TAEG.

Il ne faut pas oublier d’y ajouter l’inflation, mais surtout, le coût moral de ne pas pouvoir profiter de ce que l’on souhaite acheter immédiatement. Il faut avouer qu’il y a une grande partie variable, que l’on ne connait pas à l’avance, et que si on n’est pas sûr de pouvoir rembourser sans problème, que le crédit soit cher ou pas, mieux vaut s’abstenir d’acheter quelque chose qui serait superflu et de réserver sa capacité d’emprunt pour l’essentiel.

Avec ces quelques conseils, j’espère que vous y voyez plus clair dans le vrai coût du crédit, et que vous pouvez faire les bons choix, en connaissance de cause !

Article rédigé par

José a travaillé au marketing de grandes sociétés financières. Ceci lui a donné ses premiers contacts avec les difficultés que pouvaient rencontrer les demandeurs de crédit.