Sommaire
Quand on parle de l’aide étudiant, on parle en premier lieu de l’aide des parents. L’argent dont dispose un étudiant pour financer ses études dépend avant tout des revenus de ses parents. Sans cette aide, l’étudiant n’a souvent pas d’autre issue que d’abandonner ses études et chercher un travail.
Comment faire quand l’aide des parents ne suffit pas ? Comment faire si les parents ne jouent pas leur rôle, ou l’étudiant ne veut rien leur demander ?
Bourse pour financer ses études
Plutôt que de travailler, le mieux est d’avoir des bourses. L’étudiant pourra alors se consacrer à ses études, sans les tracas d’un job chronophage et énergivore. Il existe des aides, mais il faut s’y prendre de bonne heure et être bien informé pour les obtenir.
DSE : Dossier Social Etudiant
C’est la première étape pour un étudiant : se constituer un « dossier social étudiant » l’année précédant son entrée dans l’enseignement supérieur. Ce dossier unique sert à demander les différentes bourses sur critères sociaux (BCS). Il sert également à demander les aides au logement auxquelles l’étudiant peut prétendre via le CROUS de son académie.
Le dossier est à déposer généralement chaque année entre les mois de janvier et de mai. Un conseil : plus on s’y prend tôt, mieux c’est ! Voyons les différentes étapes :
- Etre inscrit sur parcoursup
- Se connecter au site https://www.messervices.etudiant.gouv.fr/envole/ avec les mêmes données (email et mot de passe) que celles utilisées pour parcoursup
- Cliquer sur « Demande DSE » et suivre les instructions pour constituer son dossier.
- Envoyer par courrier le DSE signé et les différents documents demandés.
Pour avoir une idée de la bourse qu’il est possible d’obtenir, le CNOUS met à disposition sur son site un simulateur.
Bourse au mérite
Les étudiants avec la mention « très bien » au BAC déjà bénéficiaires d’une bourse peuvent bénéficier d’une « aide au mérite ». Il n’y a pas de démarche particulière à faire autre que le dépôt du dossier social étudiant. Cette bourse est versée pendant 9 mois, soit 900 euros de bourse au total par an.
Bourse pour étudiant salarié
Les étudiants salariés peuvent bénéficier de ces bourses, les ressources prises en compte étant celles de la famille. Si l’étudiant salarié a des parents pauvres et qu’il est sur leur avis d’imposition, il pourra obtenir une bourse. Grâce à la bourse, l’étudiant pourra se permettre de moins travailler pour avoir le temps de réussir ses études.
Bourse pour étudier à l’étranger
L’Union Européenne veut promouvoir les études dans un autre pays de l’Europe. Pour cela, plusieurs bourses ont été mises en place, qui peuvent compléter avantageusement le budget de l’étudiant « international ».
- Aide à la mobilité internationale : c’est le service international de l’établissement où l’étudiant étudie qui gère cette aide. Elle est réservée aux étudiants déjà boursiers qui vont étudier à l’étranger de 2 à 9 mois. Cette aide est décidée par l’établissement, et prend en compte différents facteurs. Il peut s’agir de la pertinence du projet d’études, de la durée du séjour, du coût de la vie…
- Bourse du Conseil de l’Europe. L’élève continue de percevoir sa bourse s’il part faire des études dans un pays du Conseil de l’Europe. Le séjour doit durer plus de 9 mois.
- Erasmus : c’est un programme européen d’échange, chaque établissement d’enseignement supérieur établit lui-même les conditions et les partenariats avec les autres établissements étrangers. L’allocation Erasmus + vient compléter les autres bourses que l’étudiant perçoit déjà. Elle est attribuée au cas par cas. Elle varie en 2021/2022 entre 170 et 370 euros par mois pour les étudiants et entre 320 et 520 euros par mois pour les stagiaires.
Ce sont les principales aides pour partir à l’étranger. La liste n’est pas exhaustive, elle varie suivant le type d’études poursuivies.
Bourse pour étudiant en médecine : le CESP
Le CESP, « Contrat d’Engagement de Service Public » est une initiative de l’état, visant à favoriser l’installation de médecins dans des régions françaises qui en ont besoin. C’est notamment le cas des zones rurales, les jeunes médecins préférant presque systématiquement s’installer dans une grande agglomération.
Le contrat est simple : pour chaque année où l’étudiant en médecine ou en odontologie touche la bourse, il devra rester une année dans une région en difficulté. Ainsi, s’il touche la bourse de 1200 euros par mois pendant 3 ans par exemple, il devra rester 3 ans dans le « désert médical » de son choix.
Bourse des collectivités locales
Chaque commune, département ou région est libre d’attribuer des bourses à ses étudiants. Nous avons par exemple à Paris l’AILE, une « Aide à l’Installation dans un Logement pour les Étudiants ». Il s’agit de 900 euros forfaitaires réservés aux boursiers parisiens, destinés à ceux qui logent dans le parc privé et qui ont besoin de meubles, d’électroménager…
L’AMIE, « Aide à la Mobilité Internationale des Étudiants » permet aux étudiants partis à l’étranger dans le cadre de leur cursus universitaire d’avoir une bourse. Elle est attribuée sur critères sociaux et est cumulable avec les autres aides.
Chaque département, chaque région peut ainsi avoir son propre mode de financement des étudiants. Le mieux, c’est de consulter leurs sites et rechercher les aides à destination des jeunes.
Aides au logement pour étudiant
Les étudiants, sous conditions de ressources, peuvent bénéficier de l’APL (Aide personnalisée au logement) ou de l’ALS (Allocation logement à caractère social), deux allocations de la CAF.
Les étudiants salariés ont les mêmes droits que leurs camarades qui ont la chance de ne pas travailler. Tout dépend de leurs revenus, et non de leur statut.
Pour connaitre les droits aux aides, la CAF propose un simulateur.
Les aides Loca-Pass et Clé permettent à l’étudiant d’avoir :
- Une avance Loca-Pass: prêt à taux zéro pour payer le dépôt de garantie du logement à louer
- Une garantie des loyers: l’état se porte caution auprès des propriétaires, soit via son dispositif « Clé» (Caution Locative Etudiante) à destination des étudiants, soit de façon plus générique avec la Garantie Universelle des Loyers.
Pension alimentaire pour étudiant majeur
Si l’étudiant n’arrive pas à subvenir à ses besoins de lui-même parce qu’il étudie et que ses parents refusent de l’aider, il peut obliger ses parents à lui verser une pension alimentaire par voie légale. Il doit prouver que ses parents en ont les moyens.
Bon nombre de parents pensent que leur enfant ne fait rien à l’université, qu’il y perd son temps et leur argent. Pour remettre les pendules à l’heure, une action en justice est envisageable, le juge déterminant ou pas si l’enfant poursuit vraiment des « études sérieuses », sans la subjectivité des parents.
L’article 371-2 du Code Civil est très clair à ce sujet :
Chacun des parents contribue à l’entretien et à l’éducation des enfants à proportion de ses ressources, de celles de l’autre parent, ainsi que des besoins de l’enfant.
Cette obligation ne cesse pas de plein droit lorsque l’enfant est majeur.
Même si l’étudiant travaille, ce n’est pas une raison suffisante pour ne plus avoir de pension alimentaire. Ce qui compte, c’est de savoir si les revenus de l’étudiant sont suffisants pour poursuivre ses études correctement. Un parent qui voudrait interrompre le versement de la pension alimentaire devra demander au préalable au juge des affaires familiales son accord.
Travailler pour payer ses études
Un étudiant devrait pouvoir se consacrer entièrement à ses études. Un travail, surtout s’il n’est pas en rapport avec son cursus, prend énormément de temps. Comment obtenir les meilleurs résultats aux examens, s’il faut passer son temps à livrer des pizzas ?
Lire également : Aides pour trouver du travail
La moitié des étudiants travaillent, dont une grande partie par pure nécessité, juste pour avoir de quoi payer son loyer et de quoi manger. Autrefois, les « jobs étudiants » étaient surtout pour payer les plaisirs de la vie, le confort. Tout est plus cher maintenant, et le coût de la vie étudiante a augmenté sensiblement ces dernières années.
Selon l’OVE, « observatoire de la vie étudiante », l’étudiant qui travaille plus de 17 heures par semaine a un risque accru d’échec dans ses études. En 2013, la moitié des emplois étudiants n’ont pas de rapport avec l’objet des études du salarié étudiant. 46% travaillent plus de 6 mois par an et 30% des étudiants qui travaillent le font à temps plein. Dans ces conditions, la réussite scolaire peut vite devenir un échec.
Idéalement, l’étudiant devrait avoir un emploi en rapport avec ses études, et ne pas travailler plus qu’un mi-temps, ou exclusivement en été, pendant les vacances. Avoir une expérience professionnelle dans son CV quand on est tout jeune diplômé est très enrichissant et très valorisé par l’employeur.
Aides étudiants salariés
Les étudiants qui travaillent au moins 60 heures par mois ou 120 heures par trimestre peuvent bénéficier du statut « d’étudiant salarié ». Ce statut est un petit coup de pouce donné par l’administration nationale et la plupart des établissements d’enseignement supérieur. Leurs règles ont été adaptées et assouplies pour venir en aide aux étudiants salariés :
- Dispense d’assiduité : l’étudiant salarié n’est pas obligé de venir aux TD et TP, seule l’évaluation aux examens finaux comptera. Malheureusement, si on veut vraiment avoir son diplôme, mieux vaut ne pas envisager de sécher les TD !
- Horaires aménagés : certains établissements d’enseignement supérieur proposent des horaires destinés aux travailleurs, comme des cours du soir ou des cours le samedi.
- Régime long : certaines universités proposent d’étaler sur plus de temps les études. Faire par exemple une année de licence ou de master en deux ans.
- Examens adaptés : certaines universités proposent des examens prenant en compte leurs étudiants salariés, avec des sujets adaptés.
On le comprend, les aides aux étudiants salariés varient d’école en école, d’université en université. Mieux vaut se renseigner sur ces aides avant de choisir une université !
Prime d’activité pour étudiant salarié
Depuis 2016, les étudiants salariés bénéficient de la prime d’activité, dès lors qu’ils ont un salaire d’au moins 0,78 SMIC sur une période minimale de 3 mois, et qu’ils ne sont plus sur la feuille d’imposition de leurs parents. Cette prime d’activité complète les ressources de l’étudiant salarié et est à demander à la CAF.
Ces étudiants sont rares, nous parlons ici quasiment d’un plein temps. Difficile d’étudier et de réussir avec un boulot qui occupe tout l’espace. Ce sont surtout les apprentis qui pourront en profiter le plus, leur emploi étant également contemplé par la prime d’activité.
Un étudiant salarié continue en outre à bénéficier des mêmes aides que les autres étudiants, que ce soit des bourses ou les APL, tant que ses revenus ne dépassent pas un certain plafond.
Il vaut mieux parfois ne pas travailler plutôt que de perdre ces aides.
Impôts et études
L’étudiant de moins de 26 ans peut choisir de rester sur la feuille d’imposition de ses parents, ou de déclarer lui-même ses revenus.
Avantages de rester sur la feuille d’imposition de ses parents
Les parents bénéficient d’une demi-part en plus, ce qui est très appréciable quand on a beaucoup d’impôts à payer. Attention, l’avantage de la demi-part est limité à 1500 euros maximum de réduction. Les parents pauvres, qui ne payaient déjà rien auparavant ne verront aucun avantage, mais pas d’inconvénients non plus.
Désavantages de rester sur la feuille d’imposition des parents
Les parents ne peuvent pas déduire de leurs impôts les dépenses effectuées pour l’enfant, et doivent déclarer les revenus salariés de l’enfant s’ils correspondent à plus de trois mois de SMIC.
On le voit, il y a des calculs à faire pour savoir si c’est avantageux de rester sur la feuille d’imposition des parents.
Rendez-vous sur le portail des impôts, ils ont tout ce qu’il faut avec leurs simulateurs pour effectuer les calculs. Il ne faut pas oublier dans ses calculs l’éventuel abattement de la taxe d’habitation ou la majoration de la prime pour l’emploi en cas d’enfant rattaché.
Pension alimentaire déductible des impôts
Pour les enfants « détachés », qui ne sont pas sur la feuille d’impôt de leurs parents, il faut savoir que les parents peuvent toujours aider leur enfant majeur, même si celui-ci approche de la retraite et qu’il n’est pas étudiant ! La pension alimentaire versée par les parents est déductible d’impôts (en 2018) dans la limite de :
- 5888 euros par enfant s’il vit seul chez lui et qu’il n’a pas lui-même des enfants, ou s’il vit en couple aidé également par les parents du conjoint. Seules les dépenses justifiées sont déductibles : il faut pouvoir présenter aux impôts les quittances de loyer, les factures d’électricité et ainsi de suite.
- 11 776 euros si l’enfant a lui-même un enfant, ou en couple sans aide des parents du conjoint. Seules les dépenses justifiées sont déductibles.
- 3500 euros si l’enfant vit chez ses parents. Ici, il n’y a pas besoin de présenter les dépenses aux impôts, elles sont forfaitaires.
Pour bénéficier de la déduction, la pension alimentaire doit être déclarée par l’enfant sur sa feuille d’imposition.
Exonérations d’impôts des étudiants
- Les revenus inférieurs à 3 SMIC d’un étudiant de moins de 26 ans n’ont pas besoin d’être déclarés. Si les revenus dépassent ce montant, seul l’excédent est à déclarer.
- Même chose pour les revenus issus d’un stage ou d’un contrat d’apprentissage, avec un plafond plus élevé : si l’étudiant ou l’apprenti a perçu moins de l’équivalent d’un SMIC annuel, il est exonéré.
- Attention, pour ceux qui peuvent percevoir la prime pour l’emploi : seuls les revenus déclarés comptent, mieux vaut faire un calcul avant de prendre la décision de déclarer ou pas.
- Les bourses de l’état ou des collectivités locales perçues sur des critères sociaux ne sont pas à déclarer.
C’est difficile d’étudier si les parents ne veulent ou ne peuvent pas aider financièrement
Issu d’un milieu pauvre, l’étudiant peut prétendre à des aides qui lui permettent de ne pas travailler, ou presque. Il faut vraiment être très pauvre ! L’état considère, à raison, que pour réussir ses études, il vaut mieux éviter d’avoir un travail à temps plein. Mais dans les faits, les bourses sont le plus souvent modestes, à moins de réussir à toutes les cumuler, en plus de petits boulots de temps à autre.
Curieusement, la situation des enfants riches, mais fâchés avec leurs parents est peut-être encore plus complexe. N’ayant le droit à rien au vu des revenus des parents, ces enfants-là sont obligés de leur faire un procès pour obtenir une pension alimentaire. On a connu mieux comme démarrage dans la vie et études sereines.