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Crédit et pauvreté
Ceux qui sont au RSA le savent très bien! Ni même les chômeurs et autres sans emploi arrivent à obtenir un crédit ou un simple financement pour leurs projets. Il existe bien des microcrédits qui aident à la création d’entreprises en France comme l’ADIE par exemple, mais il faut bien souvent présenter un dossier en béton armé, qui ne pourrait que marcher!
Je vous avais parlé il y a quelques temps des crédits entre particuliers, qui pouvaient constituer un début de solution à la frilosité des banques, qui ne prêtent pas à ceux qui n’ont rien d’autre que leur volonté de s’en sortir à donner en garantie.
Babyloan, microcrédit solidaire
J’ai découvert l’initiative Babyloan, un Institut de MicroFinance (IMF). Babyloan propose, sur le modèle du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, le fameux banquier des pauvres, fondateur de la Grameen Bank, des prêts à taux zéro pour les pauvres des pays du sud, provenant des riches du pays du Nord. La Grameen Bank est la première institution de microcrédit au monde, qui prête de l’argent à ceux qui n’ont personne d’autre vers qui se tourner, et Babyloan s’en inspire pour asseoir son modèle. Ce n’est pas de la charité, c’est bien un emprunt, basés sur un projet concret. L’achat de moutons par exemple, qui permettront au bénéficiaire du crédit de produire de la laine et d’ainsi subvenir à ses propres besoins en revendant la laine. Babyloan propose de mettre en rapport les personnes qui veulent prêter aux pauvres, suivant des projets concrets présentés sur leur site.
Les bénéficiaires doivent avoir un projet concret à présenter, que Babyloan expose sur son site. Ce projet doit être viable. La personne doit bien sûr rembourser, mais à taux zéro. Il faut tout de même préciser que si par exemple vous prêtez 50 euros, seule une partie de votre prêt ira dans les mains du bénéficiaire : il y a des frais de fonctionnement, la rétribution des gens sur place, et ainsi de suite. Mais c’est toujours plus avantageux pour les personnes pauvres que d’aller dans une banque qui de toute façon ne leur prêterait pas, où pratiqueraient des taux d’intérêts beaucoup plus prohibitifs!
Avec la microfinance, vous mettez à disposition des personnes exclues du système bancaire une somme d’argent. Lorsque le projet que vous avez financé est mené à bien, et que donc vous avez été remboursé, vous pouvez choisir de prêter à nouveau cet argent afin d’aider une autre personne à financer ses idées pour s’en sortir, soit de tout simplement récupérer votre argent. C’est le pouvoir d’Internet que de mettre en relation très simplement, en « peer to peer » (de particulier à particulier) les prêteurs avec les demandeurs de crédit. Pas de charité. Pour un peu plus de clarté, je vous mets ici une vidéo préparée par Babyloan, qui explique très bien le principe.
Pour l’instant, Babyloan est donc surtout tourné vers les pays pauvres. C’est un peu dommage, parce que nous avons beaucoup de pauvres également chez nous qui auraient bien besoin d’un microcrédit. Il est vrai que nous avons désormais quelques initiatives qui se développent en France, comme le microcrédit personnel de l’île de France, ou les prêts de l’ADIE, mais rien de l’ampleur de la microfinance faite dans les pays du tiers monde.
Investir dans les pays pauvres en prêtant de l’argent
Aujourd’hui, dans nos pays « développés », il est devenu de plus en plus dur d’accéder au crédit, en grande partie à cause de la conjoncture internationale : ce n’est un mystère pour personne, la crise est une bonne excuse pour les banques, qui ne jouent plus leur rôle de moteur de l’économie, en ne prêtant plus. Si une situation économique se dégrade, les banques sont plus frileuses à prêter de l’argent, car les remboursements pourraient ne pas avoir lieu : impossible de rembourser son crédit si on est au chômage! Du coup, il est facile d’extrapoler ce raisonnement aux pays pauvres : si on ne prête pas à nos pauvres à nous, qui va prêter de l’argent au berger sénégalais? Personne. D’autant plus qu’il faut une réelle connaissance du pays, des gens, pour savoir si le projet de créer une laiterie ou un atelier de confection a une chance de prospérer, ce que nos grandes banques n’ont pas.
Les systèmes bancaires locaux sont trop souvent trop embryonnaires, pas assez solides voire même inexistants pour assurer leur devoir : les gens n’ont même pas de compte en banque. Alors dans un tel contexte, comment créer les conditions favorables à l’initiative individuelle, à la création d’entreprise, au fondement même de la liberté d’entreprendre et de prospérer? C’est dans cet esprit que le microcrédit a été créé : donner une chance aux plus pauvres de s’en sortir, en finançant leurs projets, qui bien souvent n’ont besoin que de petites sommes pour exister. Pour un français, 500 euros n’est pas une somme faramineuse, mais pour un camerounais, ça peut lui permettre de créer son entreprise, voire même d’embaucher d’autres personnes.
Veecus, microfinance entre particuliers
Veecus, tout comme Babyloan, permet de mettre en relation directe les demandeurs de crédit avec les prêteurs particuliers. Ce n’est pas de la charité, le prêteur ne fait que ça : prêter. Son argent lui sera restitué, même si le projet financé fait faillite : l’IMF (Institutions de Micro Finance) est garant de l’emprunteur.
Vous ne gagnez pas d’argent (pas d’intérêts), mais en même temps, vous ne gagnerez pas beaucoup plus en le laissant dormir sur un compte épargne, qui sont actuellement très mal rémunérés. Veecus est une entreprise ayant obtenu en décembre 2009 le label Finansol, gage de transparence et de qualité, garant d’une épargne solidaire. Il semble toutefois que ce projet concurrent de Babyloan ne soit plus très actif, ses dernières actions visibles sur Internet remontant à 2011…
Le prêt solidaire, un business lucratif ?
Le monde du prêt solidaire se consolide au fil des années. Il faut croire que finalement, ce n’est pas si risqué que ça de prêter aux particuliers des pays en voie de développement, et heureusement. Babyloan a fusionné en 2017 avec son concurrent MicroWorld, une entreprise dont les capitaux sont en partie détenus par Positive Planet, fondée par le bien connu Jacques Attali…
Babyloan n’est ainsi pas une institution de charité, et a besoin de faire des profits pour continuer d’exister. A titre personnel, ceci ne me dérange pas, tant mieux si le capitalisme peut aider les plus démunis !