Sommaire
Il existe deux façons d’envisager la vie sans banque :
- Soit on pense qu’une révolution ou une guerre civile est proche
- Soit on espère moraliser la finance
Dans le premier cas, on se dit que le changement catastrophique est inévitable, alors on se prépare pour le pire. Dans le deuxième cas, on veut qu’il y ait un changement vers un monde plus éthique.
Les motivations peuvent être différentes, mais la mise en pratique d’une vie sans banque est identique. Alors, comment faire pour ne plus avoir besoin de son banquier ?
L’idée principale à retenir : pour se « débancariser », il faut apprendre à vivre le plus possible en autonomie.
Ne plus avoir de crédit
Ne plus devoir d’argent doit être la première des priorités. La dette est le premier maillon de la chaîne qui emprisonne ceux qui veulent sortir du système financier actuel. Toutefois, personne ne conteste l’utilité du crédit. Le crédit est souvent l’outil essentiel pour devenir propriétaire de son logement, de sa voiture. Il s’agit de biens nécessaires qui ne peuvent pas attendre que l’on ait assez d’économies pour les acheter.
Au-delà de ces crédits « vitaux », à rembourser dès que possible, celui qui ne veut plus dépendre d’une banque se doit de ne pas faire un crédit à la consommation, sauf, peut-être, un crédit pour acquérir de nouvelles compétences, qui permettent d’améliorer sa situation. Une nouvelle compétence sera toujours là, même en cas d’effondrement total du système. Si vous avez appris à être menuisier, personne ne pourra vous retirer cet apprentissage.
Dans les faits, ce n’est pas très dur de ne pas avoir de crédit à la consommation : il suffit d’attendre la fin des remboursements. La fin du monde est proche, mais peut-être pas pour demain, on devrait avoir encore un peu de temps. Pour le crédit immobilier, c’est une autre histoire.
Alors que faut-il faire pour se débarrasser de son crédit immobilier ?
Mon conseil : tenter le plus possible de réduire la durée du crédit. Rembourser tout ce qu’on peut, tant qu’on a les moyens. Une renégociation d’un crédit immobilier est tout à fait possible, d’autant plus qu’avec la faiblesse des taux d’intérêt, il se peut que l’on soit gagnant sur toute la ligne. Pour me prendre en exemple, j’ai renégocié en 2016 à la baisse mon crédit, grâce à des taux d’intérêts inférieurs. Résultat : au lieu de rembourser pendant 8 ans ce qui restait de dette, je ne rembourse plus que pendant 7 ans, pour la même mensualité.
Alternative : on peut prendre le sens opposé, et au lieu de rembourser le plus vite possible son crédit immobilier, on peut le rembourser le plus lentement possible. Un crédit de très longue durée, mais avec des mensualités minimes est beaucoup plus facile à rembourser, même dans des conditions précaires comme le RSA par exemple !
D’un point de vue éthique, ceci va à contre-sens de la « débancarisation » souhaitée. Même si le crédit est facilement remboursable, on fera gagner beaucoup plus d’argent à la banque.
En revanche, d’un point de vue survivaliste, cette alternative est à considérer si vraiment on a de fortes craintes pour l’avenir proche.
Quelles sont les alternatives au crédit bancaire ?
Certaines dépenses ne peuvent pas attendre que l’on épargne. Il faut donc se faire avancer de l’argent, d’une façon ou d’une autre, qu’il faudra rembourser. Voici quelques idées :
- Faire un prêt sur gage.
On donne en garantie (le gage) un objet précieux. En cas de non-remboursement, l’institution prêteuse garde l’objet. Attention toutefois, la garantie est toujours de valeur bien supérieure au montant prêté. - Demander une « avance » de son assurance-vie (si on en a une…).
Ici, l’assurance-vie sert en quelque sorte de garantie à un prêt consenti par la banque. Problème : il se rembourse en une seule fois, pas de mensualités ! - Passer par un prêteur particulier.
Attention : le prêteur particulier est forcément quelqu’un de l’entourage proche (famille, amis). 100% des « prêteurs particuliers » que l’on trouve sur Internet sont des arnaques. - Faire un « crowdfunding », un « financement par la foule ».
Il s’agit ici de financement participatif : un particulier comme vous et moi se fait financer par d’autres particuliers. La plateforme la plus connue de crowdfunding est Younited Credit, dont j’ai eu la chance d’interviewer le fondateur.
Avec Younited Credit, nous ne passons pas par les banques, certes, mais il faut savoir que le Crédit Mutuel Arkea en est actionnaire. Ce n’est pas encore tout à fait ça si on veut se passer véritablement et totalement d’une banque, mais c’est un début.
En principe, aucune des solutions énumérées ne permet de financer un achat immobilier. Il faudrait que le logement soit très peu cher, un logement alternatif : yourte sur un terrain, cabane en bois, bus aménagé ou camping-car, etc. Pour les survivalistes purs et durs, c’est une des nombreuses options, mais qui se marie mal avec le besoin d’avoir une construction « en dur » pour pouvoir se protéger réellement en cas de catastrophe sociale majeure.
Personnellement, j’envisage le crédit comme un outil. Il n’y a aujourd’hui pas de « crédit immobilier éthique », juste un organisme bancaire qui prête de l’argent en échange d’un remboursement ajouté d’intérêts. Si on refuse d’améliorer le chiffre d’affaires des grandes banques qui jouent avec les vies de millions de personnes en spéculant abusivement, il ne faut pas faire de crédit. Si on pense à son bien être personnel et à sa sécurité, le crédit est un outil qui peut être utilisé.
Idéalement, on devrait avoir assez « d’épargne » pour pouvoir rembourser son crédit si besoin, sans attendre d’hypothétiques rentrées d’argent futures.
Quelles sont les alternatives à l’épargne bancaire ?
Aujourd’hui, avoir ses économies placées sur des comptes bancaires est pratiquement inutile. Sans même parler d’un possible effondrement du système bancaire qui ferait tout perdre aux épargnants, il ne faut pas avoir toute son épargne bloquée en banque.
Les taux d’intérêts sont beaucoup trop bas, parfois même en dessous de l’inflation : si on ne fait rien, nos économies perdent de la valeur par rapport à l’augmentation du coût de la vie. Par prudence, je préconise, comme bon nombre de « survivalistes » de tout mettre dans le tangible, c’est-à-dire les biens réels : le logement, l’immobilier en général, et les objets précieux, que ce soit des bijoux, des lingots ou pièces d’or.
Je préfère donc convertir mon épargne en biens tangibles, avec une préférence pour le foncier, que ce soit un terrain agricole, un appartement ou une place de parking. Quelque chose qui ne puisse pas être volée ou qui dévalorise à l’usure. Il faut bien sûr varier les supports d’épargne, et ne pas tout miser sur le même terrain, sur la même maison, ou sur l’Or.
A côté, j’avoue que je conserve mon livret A, seul argent que je garde en banque : il faut tout de même toujours avoir de l’argent pour parer aux urgences. Il s’agit d’argent dont ma survie ne dépendrait pas si je devais le perdre. Pour ceux qui veulent faire de l’épargne éthique, il y a la NEF, la seule banque se réclamant totalement de la « finance éthique », sans ambiguïté et en toute indépendance.
Moyens de paiement éthiques et alternatifs
Ne plus avoir aucun argent en banque est une mission pratiquement impossible, à moins de vivre en totale autarcie dans les bois. Quelqu’un qui ne possède rien de taxable par l’Etat, qui vit de se qu’il cultive ou produit, qui vend directement à l’acheteur final et qui se fait payer en liquide peut réussir à se passer de banques. Il existe certaines communautés qui s’en approchent, notamment les « coopératives intégrales ».
Pour les autres, qui ne renoncent pas tout à fait à leur mode de vie actuel, il faudra toujours avoir un moyen pour recevoir de l’argent ou pour payer. Les patrons ne paient plus en liquide leurs employés et les allocations sont versées sur un compte bancaire. Impossible donc de se passer à 100% d’un compte bancaire.
Mais qui dit compte bancaire ne dit pas forcément « banque », au sens traditionnel du terme. Nous avons par exemple un compte bancaire « sans banque » et accessible à tout le monde :
Compte Nickel, désormais propriété de… BNP Paribas
Ce n’est pas encore ici que l’on trouvera un compte bancaire parfaitement éthique. Mais l’argent qui y est déposé ne peut servir à la spéculation, du moins en théorie.
Comment se passer de carte bancaire ?
Difficile de trouver un acteur de la finance parfaitement éthique, destiné aux particuliers. De surcroît, inutile de croire que l’on va trouver une carte bancaire « éthique » : ni Visa ni MasterCard ne sont des institutions de charité.
Pour payer, il reste :
- L’argent liquide, à retirer au guichet. Le retrait est limité, et il faut le justifier dès que l’on dépasse une certaine somme !
En cas de « bank run », où tout le monde veut retirer de l’argent en même temps, les guichets et les DAB peuvent tout simplement fermer. - Les paiements avec le mobile. Cette solution est encore malheureusement bien trop rare, et souvent associée à une carte bancaire.
- Le bon vieux chèque, de moins en moins accepté.
Il faut dire que l’Etat veut nous faire payer de plus en plus par carte bancaire. Les paiements par carte bancaire permettent de lutter contre les fraudes, de contrôler tout le monde et à faire des économies : plus besoin d’imprimer des billets de banque ou à battre monnaie.
Au final, se passer de carte bancaire, c’est se compliquer la vie pour des principes éthiques. Nous n’avons rien sans rien, mais encore une fois, je ne suis pas choqué d’utiliser une carte bancaire et de devoir payer pour ce service.
A savoir : certaines cartes bancaires prépayées ne sont pas émises par des banques.
Les « néo-banques »
Il reste malgré cela de l’espoir. Ce que l’on nomme de « fintech », les nouvelles entreprises innovantes du monde de la finance arrivent, avec une nouvelle façon de travailler et d’apporter un service aux clients. C’est notamment le cas du Compte Nickel, mais ils se sont fait racheter par BNP… La plupart de ces néo-banques sont adossées à un grand groupe bancaire, malheureusement.
Actuellement c’est l’offre d’Orange, avec son Orange Bank qui semble la plus prometteuse. Orange n’est pas du tout une entreprise éthique, mais n’est pas non plus une grande banque jouant des milliards d’euros en spéculant en bourse. Et quelque part, c’est ce que nous souhaitons : que la haute finance arrête d’appauvrir notre planète.
Le revers de la médaille pour ces banques en ligne et mobiles ? Impossible de déposer de l’argent liquide. Pour une néo-banque comme N26 ou Revolut, il n’est pas possible non plus de déposer un chèque. Avec leur succès grandissant, on est en droit d’espérer que ces services essentiels arriveront tôt ou tard.
Finalement, la grande banque traditionnelle la moins « violente », c’est… La Banque Postale ! Il y a encore un reste de notion de « service public », mais face à la concurrence, cette notion se perd de plus en plus, malheureusement.
Difficile de se passer de banque, quand tout le monde autour de soi l’utilise
Soyons clairs : impossible de se passer aujourd’hui d’une banque. Dans une optique survivaliste, le seul argent que l’on a dans une banque doit servir à payer les dépenses courantes, l’épargne étant placée dans des biens réels. Pour cela, on peut tout simplement garder son compte courant actuel.
Dans une optique éthique, il faut choisir la moins pire des solutions, suivant ses propres besoins (moyens de paiement, financement…). Les banques se réclamant aujourd’hui de l’éthique sont souvent inadaptées pour les particuliers. Que ce soit la NEF ou même la grande Triodos Bank (présente dans plusieurs pays européens dont la Belgique), elles ne proposent pas des services pour la vie de tous les jours, comme un compte courant associé à une carte bancaire.
Pour nos amis vivant en Suisse, il existe la « Banque Alternative Suisse », qui propose des comptes courants et des cartes bancaires.